« Je reviendrai dans 4 ans, je reviendrai dans 4 ans » Quelques minutes après sa défaite, Charles-Antoine Kouakou répétait qu’il irait prendre sa revanche dans 4 ans aux prochains Jeux Paralympiques. Le coureur venait de finir en dernière position sa course du 400 m catégorie T20. Mais derrière cette résolution le visage de Charles-Antoine exprimait la profonde déception et la tristesse semblait prête à le submerger. Il faut dire qu’il mettait beaucoup d’espoir dans sa course à Paris qui devait être son retour après une année marquée par une blessure dont il se remettait petit à petit. Il voulait revenir à son plus haut niveau. En 2021, Charles-Antoine était médaillé d’or sur la même course à Tokyo et il comptait bien faire son retour ici au Stade de France. Hélas il finira dernier à Saint Denis et sa peine était communicative ce mardi 3 septembre.
De la flamme paralympique à la déception
Toute la France avait repéré sa silhouette lors de l’allumage de la flamme à la cérémonie d’ouverture avec quatre autres para-sportifs. Et ce mardi soir, le public du stade de France hurlait « Charles-Antoine » à s’en déchirer les poumons. Est-ce cela qui l’a désarçonné ? Cette pression trop forte ? « Non, » dira Charles-Antoine aux journalistes à la sortie du stade. « J’étais content de sentir la présence du public ». Est-ce que le petit retard dû à un réglage de l’organisation au départ de la course est à mettre en cause dans cette défaite ? Non plus, « c’est la règle du jeu ». Alors quoi ?
La course semblait pas trop mal partie pour Kouakou. Le départ se passe bien (trop bien ?) : c’est en boulet de canon qu’il décolle des starting-blocks ; la première ligne droite lui permet de contenir ses adversaires, mais dans le dernier 100m, la force paraît l’abandonner. Là où ses concurrents accélèrent, lui semble manquer de tout. Il terminera la course en dernière position à 49 secondes et 4 centièmes, loin derrière son meilleur temps sur la distance : 47’’32 en juin dernier et même loin de son chrono de Tokyo (47’’63). A la fin de la course, dépité, Charles-Antoine marche, tête basse, vers les tribunes retrouver parents et amis et l’on a perçu l’immense tristesse du champion dans cet abattement. La famille, les coachs, les copains, étaient au bord de la piste de l’autre côté de la barrière pour réconforter le champion humilié par la défaite.
« Je reviendrai dans 4 ans »
Sans doute, chacun a pensé que le tempo du jour était à sa portée : le vainqueur colombien de ce 400 mètres en catégorie T20 fait un chrono de plus de 48 secondes. Tout à fait à la portée de Charles-Antoine. Mais pourquoi donc cette course de Paris 2024 est-elle en dessous des performances habituelles des compétiteurs ? Est-ce que cette finale « directe » sans phase de qualification n’aurait pas permis aux coureurs de trouver leurs marques, de se roder et de donner le meilleur ?
Pendant que les commentateurs s’interrogent, le temps de revenir vers le vestiaire, Charles-Antoine a retrouvé sa détermination : « Je reviendrai dans 4 ans ». Et si cette capacité à se relever d’un échec était la vraie marque des grands ? A 25 ans, le champion voudra revenir à l’entrainement. Il lui faudra concilier son engagement dans l’athlétisme avec sa vie de travailleur en ESAT et préparer cet avenir ou le sport pourrait lui apporter à nouveau la joie d’allumer les flammes et de faire vibrer les stades.