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Soane Meissonnier, la longue route des îles jusqu’au stade de France

"Le beau parcours de Soane-Luka Meissonnier"

Soane Messonnier

05/09/2024

Chez lui à Wallis et Futuna, le lancer du poids est une sorte de sport national. Les archipels du Pacifique sont réputés être les iles des « hommes forts » et le lancer est ici une tradition. Mais ce 3 septembre 2024, la puissance de Soane Meissonnier n’a pas suffi et le polynésien est resté au pied du podium, à 50 cm de la troisième place. Le jeune athlète de la FFSA (il a 21 ans) n’a pourtant pas démérité et son parcours est remarquable.

De Wallis à Saint-Denis …

Si Soane Meissonnier a quitté ses iles natales c’est pour venir chercher des médailles quel que soit l’endroit où elles se trouvent, même aux antipodes. Et année après année Soane glane de belles récompenses partout où il passe. Plus tôt dans l’année 2024, il avait décroché le titre de vice-champion du monde à Kobe au Japon derrière le Malaisien Ziyad Zolkefli, en progression par rapport à l’année précédente à Paris. Il avait alors terminé cinquième, le même Zolkefli finissant déjà deuxième, entouré sur le podium par deux ukrainiens : Koval et Yarovyi. Et à Paris, on a retrouvé les mêmes protagonistes. La planète a beau être vaste, le monde des lanceurs de poids est tout petit et ce sont les trois mêmes qui ont raflé la mise au Stade de France ce mardi 3 septembre, laissant notre Wallisien à la quatrième place. Le médaillé d’or s’offre même le luxe de battre le record du monde : Oleksandr Yarovyi a lancé à 17m 61 ! Derrière lui l’argent et le bronze sont autour des 17 mètres. Quant à Soane, il donne le meilleur de lui-même mais reste en deçà. Il démarre la compétition avec un jet à 15m23. Il fera 16m 42 à son troisième essai, en dessous de son record personnel de 16m73. Belle performance mais insuffisante pour faire trembler ses redoutables adversaires.

… en passant par Miramas

Si le résultat final a un gout amer, la performance est belle. La trajectoire depuis les Iles mérite un détour par Miramas. L’entrainement dans le club des Bouches du Rhône avec Laurence Manfredi n’est pas pour rien à ce beau parcours. À 21 ans quitter son ile a d’abord été un premier défi pour Soane Messonnier. À quoi bon partir sous le ciel gris parisien quand toute sa vie est là : la famille, les amis,… ? Mais finalement les Wallisiens de Paris l’ont convaincu : la communauté de métropole serait là pour l’accompagner. Et parmi eux, Stephen Mailagi, natif comme lui de Mata Utu,(un peu plus de mille habitants), sur l’ile de Wallis. Le parcours de Mailagi est inspirant. A Miramas, Mailagi a fait des progrès phénoménaux. Alors qu’il avait du mal à s’acclimater à la métropole, il a fini par trouver son bonheur dans le sud de la France et en 2023, avec sa coach, Laurence Manfredi, il est champion de France de lancer. Et à Wallis, ça se sait. Parce qu’à Wallis tout se sait. Alors, pour retrouver son ami wallisien, Soane décide de partir pour Miramas. 

« S’ adapter », c’est le mot clé.

Il lui faut maintenant s’acclimater à la métropole, et pour cela tout doit être pris en compte : il faut se faire une place dans le sport de haut niveau, mais aussi dans sa vie sociale, école, métier, permis. Pour Soane, ce sera donc le code le matin, le poids l’après-midi. Une routine qui permet d’installer l’entrainement dans une belle régularité, même s’il faut toujours ajuster et réajuster pour prendre en compte les aléas liés à la déficience intellectuelle. Les contrariétés, les doutes pour les personnes en situation de handicap intellectuel nécessitent de toujours adapter le rythme des activités. Il n’est pas toujours facile d’exprimer son ressenti quand on vit avec ce handicap. Il vaut mieux alors faire une pause, reporter, décaler les objectifs pour attendre un moment plus propice. Prendre le temps. Car c’est précisément cette question du temps qui compte le plus. Ce qui obsède tous les athlètes du monde, qu’ils soient valides ou non, c’est d’être fort au moment voulu. Pas avant, pas après. Pour Soane et pour les sportifs de la FFSA, le temps est au cœur des enjeux. 

Aux antipodes de Mata Utu, Soane était à son meilleur, mais pour affronter les trois géants de sa discipline il aurait fallu un exploit. En dépit de la réussite de l’acclimatation, en dépit des progrès réalisés dans les derniers mois, les redoutables ukrainiens et malaisiens étaient décidément trop forts.

Soane Messonnier
Soane Messonnier Lancer du poids Paris 2024
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