Marc Truffaut est président de la Fédération Française du Sport Adapté. Il préside également depuis 2016 la fédération internationale Virtus. Virtus réunit les organisations nationales du monde entier qui œuvrent en faveur de la pratique sportive pour les personnes avec un handicap mental et/ou psychique.
Quels enjeux pour la FFSA et Virtus représentent ces Jeux paralympiques à Paris ?
Le premier enjeu, c’était déjà d’être présents dans toutes les disciplines paralympiques ouvertes au Sport Adapté : para athlétisme, para tennis de table et para natation. C’était important parce qu’on voit l’impact que cela a sur la pratique sportive sur le terrain. Les sportifs médiatisés montrent le chemin : cela donne envie à d’autres de pratiquer un sport. Le premier enjeu pour nous c’était cela en amont et puis après pendant les Jeux, ce sera de donner de la visibilité au mouvement du Sport Adapté dans sa globalité : de montrer aux familles, aux parents, aux sportifs eux-mêmes et à toutes les personnes en situation de handicap que pratiquer du sport et en faire son projet de vie c’est possible. L’enjeu principal pour nous reste de mieux faire mieux connaître et reconnaître le Sport Adapté.
Ensuite, au niveau des disciplines, nous avons deux enjeux au niveau international. Le premier, c’est là aussi de se faire connaître. Même au sein du mouvement paralympique, chacun étant un peu la tête dans le guidon, nous n’avons pas forcément connaissance des autres handicaps et de leurs particularités. Et pour nous, du fait que nous soyons très peu représentés, nous sommes peu visibles. Mais cela va plus loin : il s’agit aussi de donner l’envie à des fédérations internationales qui ont maintenant la gouvernance de leur discipline, de proposer l’ouverture d’épreuves pour les personnes déficientes intellectuelles. Nous avons identifié quelques fédérations qui ont montré un premier intérêt comme pour le karaté, le taekwondo. Les Jeux à Paris, c’est également l’occasion de montrer ce que savent faire les sportifs dans des épreuves qui ne sont pas paralympiques. Ainsi, nous allons profiter de l’opportunité du Club France pour montrer une pratique collective en Sport Adapté qui est le basket 3/X3. Nous organisons une démonstration de basket 3 X3 . Les différents dirigeants internationaux et membres de l’IPC (Comité International Paralympique) seront invités à venir voir ces démonstrations.
Le second enjeu international est l’ouverture d’une autre catégorie de handicap et en particulier la classe des personnes déficientes intellectuelles avec un sur-handicap qui va inclure les personnes trisomiques. Nous aurons donc également en marge de ces Jeux paralympiques sur le Club France une démonstration en para tennis de table adapté, dans cette catégorie que reconnait déjà la Fédération Virtus et c’est très important pour nous. Les personnes porteuses de trisomie 21 sont parmi les plus nombreuses dans les différents handicaps à l’échelle planétaire. Il est important que ces sportifs puissent être représentés et aient leur vraie place aux Jeux.
La France a un rôle important dans les instances internationales, avez-vous le sentiment d’être entendu ?
Ça avance petit à petit. Nous avons ainsi un enjeu important c’est d’intégrer aussi les Jeux d’hiver. Ce serait un grand pas en avant. Les premiers contacts seront pris pendant les Jeux de Paris 2024 avec le soutien du Comité paralympique et sportif français et des régions organisatrices des Jeux Alpes 2030. Nous avons la belle ambition de pouvoir avoir enfin un retour du Sport Adapté sur les Jeux d’hiver en 2030. C’est quelque chose que nous n’avions pas pu faire en amont de Paris 2024 parce que c’est encore trop frais chez nous. Nous n’étions pas forcément prêts pour convaincre Paris 2024 de peser de tout son poids. Nous espérons qu’en anticipant suffisamment longtemps à l’avance, le para ski alpin adapté et le para ski nordique adapté seront représentés aux Jeux paralympiques d’hiver en 2030 en France !
Qu’est ce qui fera dire au président de la FFSA que ces Jeux paralympiques Paris 2024 seront réussis ?
Premièrement, ce serait les médailles. Si nous pouvions faire aussi bien qu’à Tokyo ça serait génial parce que partir avec une délégation de six sportifs et revenir avec 50% de médaillés dont un titre, ce serait fabuleux. Parce que derrière, c’est la reconnaissance de tout le travail qui est fait par les dirigeants, les bénévoles, les entraîneurs. C’est une grande satisfaction et cela donne beaucoup de poids dans la voix de la fédération lorsqu’elle prend parole dans les différentes instances.
Deuxièmement, la grande réussite serait que cela donne envie à des nouveaux pratiquants de rejoindre les clubs, les ligues et les fédérations. Il faudrait qu’on constate (comme les autres années mais que ça soit encore plus important en 2024) une augmentation du nombre de licenciés. Cela continuerait à faire grandir le mouvement. Nous remarquons cela après chaque grande compétition internationale : nous avons un petit coup d’accélérateur sur les prises de licences. Le fait que ce soit à la maison, que les médias puissent s’emparer pleinement du sujet, permettra sans doute, nous l’espérons de booster cela. Si cela donne envie à plus de pratiquants de venir pratiquer et de pousser la porte d’un club, alors ça serait une vraie bonne réussite.