Retour sur ces 3 journées intenses en émotions !
1… comme une année sans compétition internationale.
1… comme le ticket attribué pour Tokyo dans chaque catégorie.
1… comme cette compétition couperet qui était organisée pour la 1re fois et qui a tenue toutes ses promesses en terme d’ambiance, d’intensité, de stress, de joie et de déception.
1 … comme la place de Léa au TQP.
Mais revenons sur ces 3 jours !
Cette aventure ne commençait pas forcément de la meilleure des façons. Julie – notre responsable du pôle France para tennis de table adapté, qui devait nous accompagner – est obligée de renoncer en dernière minute à ce voyage en raison d’un problème administratif qui risquait de la bloquer au retour. Mais nous savons qu’elle nous a suivi pendant ces 3 jours et ses nombreux encouragements à distance ont été bienfaiteurs pour la délégation.
Le vol, le transfert aéroport/hôtel et l’accueil à Lasko sont impeccables mais l’ambiance est particulière notamment lors du test PCR à l’hôtel. Heureusement tout le monde est négatif ! Nous pouvons manger tranquillement, prendre possession de nos chambres, et savourer un petit repos avant de rejoindre la salle de compétition pour un léger entraînement. On sent la concentration de toute la délégation car la règle est simple… il faut gagner sa catégorie pour obtenir un ticket “Tokyo 2021”.
Petit détour par la salle de compétition qui n’est pas toute jeune… mais nos hôtes réussissent à chaque épreuve à la rendre belle et fonctionnelle. Le protocole sanitaire est contraignant mais au final supportable et surtout pas gênant pour nos pongistes.
Lors des 1res balles échangées, on sent beaucoup d’angoisse ! La séance est volontairement courte car l’objectif est de prendre des repaires et de ne pas perdre d’énergie car il en faudra pendant ces 3 jours intenses. Mais on est rapidement rassuré, les automatismes reviennent très vite et les échanges sont de qualité.
Il ne restait plus qu’à connaître nos adversaires. La réunion était fixée à 21h et aucune surprise dans la composition des groupes. Ce qui était important c’était aussi les horaires durant lesquels nos pongistes jouaient… et là on peut dire que l’on fut bien servi ! Restait à annoncer les groupes aux sportifs mais aussi le protocole avant le match et indirectement la mise en route : 20 minutes de chambre d’appel, 30 minutes d’échauffement à la table, c’est très court… il ne faut pas perdre de temps ! À cela se rajoute l’échauffement physique… mais nous sommes habitués donc aucun problème surtout que Léa et Tim sont très ponctuels et autonomes.
La suite vous la connaissez avec cette extraordinaire performance de Léa qui remporte sa catégorie mais tout n’a pas été si simple que ça, surtout après cette défaite cinglante contre la jeune turque Acer dans son groupe. Mais les 2 victoires contre Ito (Japon) et Galkina (Russie) en ½ finale redonnent beaucoup d’espoir à notre délégation, à Léa et surtout à son entraîneur Gang, un génie de la tactique mais aussi une philosophie à toute épreuve ; il booste Léa avant sa finale en changeant de stratégie car il ne fallait pas répéter les mêmes erreurs que la veille. Le match est intense, de toute beauté, et Léa nous montre toute l’étendue de son talent. Les coups sont précis voir chirurgicaux… et on sent une Léa déterminée et agressive. La bataille est rude car la jeune turque est également déterminée mais ce n’est plus la même adversaire qu’elle rencontre. Elle doute, elle s’énerve… bref notre Léa est la patronne à la table et remporte la plus belle des victoires de sa jeune carrière. On exulte dans les tribunes et quelques larmes coulent… Léa ira à Tokyo ! À la sortie de la salle, elle est accueillie par un tonnerre d’applaudissement de la part de nos amis handisport qui fêtent aussi 2 qualifiés : Gilles et Clément… elle est belle cette équipe de France qui ira à Tokyo.
Sur le retour à l’hôtel, j’ai plein de flashs qui me traversent l’esprit et j’en parle avec Léa et le sorcier Gang : l’émotion de la médaille de bronze de Pascal Pereira Leal aux Jeux paralympiques de Londres en 2012 et de son titre mondial en 2014 à Pékin. Pourquoi ? Tout simplement parce que Léa vient de frapper un grand coup et d’écrire une grande page du Sport Adapté. Cette aventure du haut niveau ne fait que commencer pour elle. Les étapes sont encore longues et semées d’embûches… mais une étoile est née à Lasko ce samedi 5 juin 2021.
Dans cette compétition hors du commun, il y avait aussi Timothé qui voulait décrocher ce billet pour Tokyo 2021… et ce n’est pas passé loin !
Tim est monté en puissance tout au long de la compétition et – malgré une défaite sans appel face au coréen Kim dans son groupe – il décrochait sa place en ½ finale après un match sous haute tension face au russe qu’il arrachait 3/2. En ½ finale, Tim devait obligatoirement élever son niveau de jeu pour gagner le japonais Kato (n°8 mondial). Ce fût un match de toute beauté, où à la 4e manche, le Japonais gagnait un point incroyable qui le remettait en piste pour une 5e manche durant laquelle Tim a toujours couru après le score sans jamais baisser les bras. Énorme déception de Tim et de son coach… il passe à côté de son rêve mais n’a pas à rougir de sa prestation. Bien au contraire ! Et maintenant il peut se concentrer entièrement pour Paris 2024.
Et que dire du staff présent à Lasko ! Maître Gang a encore une fois démontré toute l’étendue de son talent. Erwan a été magique dans son rôle de relanceur et d’observateur. Anthony a su rassurer et accompagner nos sportifs… et aucun bobo n’est à signaler, ce qui le satisfait totalement.
Et votre serviteur… vient, encore une fois, de vivre un moment incroyable comme seul le sport peut en procurer !
À bientôt pour de nouvelles aventures et merci pour votre soutien sans faille.
Propos et texte de Pascal Griffault | Entraineur national para tennis de table adaptée , relecture et correction par Geoffroy Wahlen | Journaliste & photographe FFSA